Puisque tout, désormais, se doit d’être durable et responsable, il n’y a aucune raison pour que l’immobilier y échappe. Certes, les promoteurs construisent toujours plus vert et les propriétaires de logements sont de plus en plus incités à les isoler, mais quid de tous ces bâtiments qui sont là et ne servent plus, qui racontent une partie de l’histoire de leur ville ou de leur quartier ? Hier, les édiles étaient tentés de les détruire ; aujourd’hui, ils pensent d’abord à les transformer. Pas toujours moins cher, mais toujours bon pour l’image et l’environnement. Place à l’architecture vintage, celle dont on apprécie la forme et dont on redéfinit la destination. Une fois encore, être durable, c’est se demander comment rendre l’existant plus durable.
Voilà donc la ville reprogrammée, guidée par la nécessité de s’adapter au réchauffement climatique et de limiter son empreinte carbone. Il fut un temps où les maires désiraient un bâtiment emblématique, un geste architectural fort capable de distiller fierté et modernité. Aujourd’hui, ils s’enorgueillissent d’une réhabilitation maline, imaginée main dans la main avec leurs élus et pouvant potentiellement attirer de nouveaux habitants…
Entrepôts, garages, stations électriques, bureaux de Poste, maternités, casernes et écoles désaffectés sont ainsi repensés, transformés, parfois augmentés d’un ou de plusieurs étages pour devenir, non pas des parkings (trop facile) mais des bureaux, des logements, des appartements familiaux ou des studios pour étudiants, des commerces, des hôtels et même des marchés alimentaires. Tout l’enjeu réside à réussir à faire entrer la lumière et à créer des vues. Cours, patios, terrasses et lumière zénithale font maintenant partie du vocabulaire de base. De la contrainte naissent de nouvelles esthétiques.
Le verre et l’acier ont laissé place aux briques et au bois. Les façades sont végétalisées et les hauteurs modifiées. Des terrasses et des balcons se sont installés partout comme autant de respirations. Les temps ont changé. Qui trouverait à y redire ? Bientôt, plus personne ne parlera de bâtiments désaffectés mais de bâtiments réaffectés ou ressuscités. Détruire sera l’exception et ré-enchanter, une obligation.