Carrelage marin

Quand le fâcheux devient vertueux

L’économie durable a parfois des allures surréalistes, tant s’y rencontrent ceux qui n’auraient pas eu la moindre chance de se croiser dans le monde réel. Témoin de l’envasement des ports bretons, l’architecte Yann Santerre (un nom prédestiné…) et ses associés, Mathieu Cabannes (décidément…) et Delphine Santerre (sa sœur), ont eu l’idée de valoriser ces sédiments marins, mélange d’argile, de sable, de résidus d’algues, de sel et de déchets de coquilles, rejetés dans l’océan. Bien vu quand on sait qu’ils sont présents en très grande quantité (il s’en forme 1,25 m3 chaque seconde) et qu’ils ont pour effet d’étouffer la biodiversité. Il était temps d’agir.

Leur société s’appelle Gwilen (le nom du plus long fleuve breton, la Vilaine, dont l’estuaire s’envase depuis la construction d’un barrage) et sa raison d’être est de transformer ces fâcheux sédiments marins en carrelage ou en petit mobilier comme des bouts de canapé ou des tables basses. La bonne idée. Et, demain, pourquoi pas en briquettes de façade ou en pavés de sol ? Car Gwilen a l’avenir pour elle. Pour preuve, elle fut, en janvier dernier, sélectionnée par le salon Maison & Objet pour figurer dans son espace Future on Stage.

On connaissait le plastique recyclé, la brique issue de chantiers de démolition, les pavés réalisés à partir de coquilles Saint-Jacques, voici à présent les carreaux à base de sédiments marins : une réponse vertueuse aux carreaux traditionnels, souvent fabriqués au bout du monde et gros consommateurs de terre et d’énergie. Ca tombe bien, les carreaux sont à la mode, appréciés pour leur côté rustique qui va bien avec la déco aux airs écoresponsables du moment. Et ceux de Gwilen ne sont pas comme les autres…Ils ont un aspect unique par leurs couleurs (du vert lichen au bleu céruléen en passant par le rouge corail et le brun tabac) et par leur intensité qui offre des effets de marbrures et des dégradés qui donnent envie de toucher. Ces carreaux-là nous racontent une histoire vraie et elle se voit…

Utile et beau est ce que cherchent à faire tous les designers. Vertueux et beau est désormais la quête des éco-designers. La perfection n’est pas loin. 

Sans traces

Des déchets en or

Cinquante-cinquante

Les bonnes pratiques

Les projets éco-responsables de l’agence d’Artagnan.

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