L’autre figure du durable

Le retour du téléphone à clapet

Un design durable, ce n’est pas seulement un design responsable qui a intégré les menaces annoncées par Greta Thunberg et tente de les retarder avec ses petits bras. C’est aussi un design qui sait traverser le temps, préserver le désir et aspirer ainsi à une forme d’éternité.

L’objet qui réussit une telle prouesse espère (secrètement) accéder un jour au statut très envié d’iconique, point ultime de la désirabilité. Mais rien n’est jamais joué d’avance car ce que les économistes nomment le cycle de vie du produit, qui pourrait passer pour un cheminement naturel, réserve parfois des surprises. Ainsi, un produit conçu pour durer peut, soudainement, se retrouver exclu de son marché parce que trop vieux, pas assez performant ou, plus subjectivement, déclaré moche. Et peut, tout aussi bien, redevenir trendy, contre toute attente, associé à de nouveaux imaginaires et auprès d’autres cibles que celles qui furent à l’origine de son succès. Notre époque a toujours préféré les revivals aux enterrements.

Il en va ainsi du téléphone à clapet. Un téléphone sans accès à Internet, qui ne permet ni de faire des photos de qualité, ni de regarder des vidéos, mais qui eut son heure de gloire grâce à la gestuelle qu’il suggérait. Après avoir été battu par le smartphone (dont le seul nom était une promesse de victoire), le voici en passe de devenir l’ultime attribut de la panoplie de la modernité cool. Pas loin d’être iconique. Et déjà repéré dans les mains de Rihanna, d’Anna Wintour et de Warren Buffet. C’est peu dire que la tendance est lancée. Le low-tech ne connaît pas de frontières et se retrouve toujours là où on ne l’attendait pas.

Le phénomène du low-tech, qui redonne vie à ce qui était considéré comme ringard, n’est, certes, pas nouveau. Il est une manière pour une minorité de s’affirmer avec l’espoir de faire école. Mais dans le contexte actuel de décroissance et de prise de conscience de la fragilité de la planète, il peut s’éclairer d’un jour vertueux au point de devenir un signe de responsabilité. Plus frugal dans sa conception, plus simple dans son usage, plus facile à réparer, l’objet low-tech est surtout visible car son apparence tranche avec les stigmates du moment. Le téléphone à clapet prend ainsi le contrepied des apparences lisses, des formes arrondies, des technologies tactiles et des écrans dominants… Car être low-tech, c’est d’abord paraître low-tech. Un peu comme être responsable, finalement… 

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