On ne présente plus Polène, maison de maroquinerie française née en 2016, pilotée par trois frères et sœurs, qui est rapidement devenue une marque must-have sans campagne de pub invasive ni peoples démonstratifs. Son succès tient, bien sûr, au design et à la qualité de ses sacs mais aussi à leur prix (moins de 400 euros pour un sac fabriqué en Espagne et en Italie) et à une distribution contrôlée puisque la marque ne compte qu’un petit nombre de points de vente aisément repérables à leur file d’attente. Outre sur les réseaux sociaux, sa présence a aussi été remarquée dans la série Emily in Paris, ce qui n’a pas nui à sa notoriété….
La marque a récemment décidé de s’engager en faveur de l’environnement (toujours une bonne idée…) à travers une opération baptisée Les Mains consistant à confier ses chutes de cuir à des artistes contemporains. Une manière de limiter sa production de déchets et de faire naître des œuvres inédites. Après les vases conçus par un artisan d’art japonais à partir de tissages de fibres de papier et de chutes de cuir, Polène a, cette année, invité la designer française Wendy Andreu qui a signé un miroir décliné en deux coloris sur lequel sont appliqués en spirale cordons de coton et chutes de cuir pour dessiner une sorte de paysage montagneux. Limités à 200 exemplaires numérotés et signés, ces miroirs sont tous produits selon une technique artisanale et vendus sur le site de la marque.
La même motivation a traversé le cerveau des propriétaires de la boutique de vêtements holington (sans majuscule) sise à proximité du théâtre de l’Odéon et bien connue de tous les intellos rive-gauche. Elle propose depuis peu, sur son site, les tissus de ses précédentes collections vendus au mètre. Une véritable bibliothèque d’étoffes, de styles, de dessins et de matières pour tous ses fans qui peuvent trouver là de quoi exprimer leur créativité à partir des créations de l’enseigne. Une manière pour elle de continuer à vivre dans d’autres mains.
Si la loi contraint désormais les marques à valoriser leurs déchets, celle-ci ne doit pas être regardée comme une contrainte supplémentaire dont il faudrait se débarrasser mais comme l’opportunité d’affirmer sa conscience environnementale. En confiant à des artistes ou en proposant à la vente les déchets qu’il leur reste ou ce dont elles ne se sont pas servi, les marques font un geste pour la planète tout en offrant à leurs créations une nouvelle vie sous de nouvelles formes. Upcycler, c’est aussi tisser de nouveaux liens avec son environnement. Une autre façon de durer.