Avec l’apparition des premiers smartphones, moderne est devenu synonyme de lisse. Tout geste assumé doit se montrer discret. Il ne s’agit plus d’appuyer, d’enfoncer ou même de presser mais d’effleurer, de caresser, de frôler. Et quand l’intention reste de toucher, cela ne peut être que du bout des doigts. L’environnement ne doit plus exprimer aucune résistance. La preuve ultime que le monde est à notre disposition.
On peut pourtant observer un retour discret des boutons physiques. Dans les voitures, par exemple, où, après avoir envahi tous les tableaux de bord, les écrans tactiles sont désormais regardés avec suspicion en raison de l’attention qu’ils demandent. Poser le doigt au bon endroit pour visualiser le GPS, choisir sa musique ou recevoir des messages et des appels sont autant de sources potentielles de distraction et donc de danger. En permettant d’accéder aux fonctions désirées sans avoir à quitter la route des yeux, les boutons affichent clairement leur vertu face aux écrans tactiles. Ils sont même recommandés par les experts de la sécurité pour les fonctions les plus utilisées comme la climatisation, les essuie-glaces, le volume du son ou les feux de détresse. Un Design Durable, c’est aussi un design responsable qui modifie les comportements et favorise la prise de conscience des dangers.
Hyundaï a ainsi réintroduit les claviers mécaniques sur les tableaux de bord de ses véhicules, déclenchant une frappe bruyante qui n’est pas sans rappeler celle des machines à écrire, les liseuses Kobo ont renoncé au tout tactile pour un bouton permettant de tourner les pages d’une seule main et même l’iPhone, père de l’écran tactile dans notre quotidien, a doté son seizième rejeton d’un bouton inédit, baptisé Action, sur lequel il faut appuyer pour activer ou désactiver un paramètre. Quand tous les écrans finissent par se ressembler, restent les boutons pour assurer la différence. Le geste humain au service de l’identité de la machine.
Cette réapparition inattendue des boutons n’est pas à regarder comme le signe d’un rejet du numérique ou d’un retour du mode d’avant en mode nostalgique, mais plutôt comme un désir de remettre une dose de sensoriel dans notre quotidien et de retrouver le lien physique avec la machine que les écrans tactiles avaient fait disparaître. Une manière de nous souvenir que le design n’est pas qu’affaire de forme mais surtout de relation entre l’homme et la machine.