Après avoir été la capitale mondiale des JO, voici Paris, capitale mondiale de l’automobile avec l’ouverture de la quatre-vingt dixième édition de son Salon de l’Automobile, le plus ancien et le plus fréquenté du monde. Et cette année, le Léon Marchand de la voiture s’appelle Renault 5 E-Tech électrique. Comme pour le champion olympique de natation, c’est toute la nation qui est derrière elle. Car ils sont nombreux à l’avoir connue… Née en 1972, la Renault 5 a vécu, sous différentes formes, jusqu’en 1996, soit assez de temps pour marquer les esprits d’au moins trois générations. Cela en fait du monde pour (encore) en parler. Au moment où l’intergénérationnel constitue un des plus puissants moteurs de la consommation, on comprend pourquoi la tentation de la réédition est de plus en plus présente dans les cerveaux marketing.
Rééditer un modèle, ce n’est pas le répliquer mais faire renaître son esprit premier. La Mini, puis la Fiat 500 l’avaient bien compris en leur temps et leur retour n’a pas manqué de provoquer la ferveur attendue : celle générée par l’illusion de retrouver sa jeunesse perdue. La preuve qu’un design durable est aussi celui qui est capable de faire revivre les émotions du passé. La Renault 5 électrique va encore plus loin puisqu’elle s’affranchit de ses lignes originelles pour proposer un design rétro-futuriste assez stylé pour ressusciter le passé et assez durable pour accueillir le futur. Un voyage dans le temps.
En matière de design, la sociologie précède bien souvent la forme. Réussir à capter quelque chose de l’air du temps est l’enjeu, qu’il s’agisse d’une attente de service (praticité, modularité), d’un désir d’expression personnelle ou d’une envie d’afficher une position (environnementale ou sociale). La R5 de 1974 portait le désir d’émancipation des femmes et des jeunes et l’envie de rompre avec les modèles du passé incarnés par la voiture de papa, marqueur de puissance et de statut. Sa consommation et son entretien répondaient aussi à la crise pétrolière… Celle de 2024 a pour mission d’incarner une version pop et culturelle de la voiture électrique. La réédition des couleurs originelles ne doit rien au hasard. Un véhicule libre, réinventé mais porteur d’une histoire, générationnel mais avec des racines, et non « une déclinaison responsable » d’un modèle thermique appartenant au passé.
Pour voir les véhicules électriques se diffuser sur les routes, la motivation de se sentir responsable ne peut, seule, suffire. Il faut y ajouter « un p’tit truc en plus » capable de conquérir les cœurs, un supplément de vie qui donne de la joie à son conducteur. Un plaisir de conduire et pas seulement de bien se conduire face aux enjeux de l’époque.