Pour une marque ou une enseigne, se mettre « en mode durable », c’est s’obliger à changer ses manières de faire et donc ses habitudes. On en découvre chaque jour les effets. Ici, ce sont des attentions nouvelles portées aux origines et aux modes de fabrication ; là, c’est un intérêt soudain pour les émissions de CO2, le sort des invendus ou le devenir des périmés. Le monde du packaging est, lui aussi, impacté. Comment pourrait-il ne pas l’être, lui qui est si proche des produits ?
Dans un premier temps, il fut question de réduire, voire de supprimer les emballages. Radical. Mais le vrac, annoncé comme une des formes de distribution d’avenir, n’a pas rencontré le succès escompté, en particulier pour l’épicerie sèche. Vint ensuite le temps des packs réutilisables et rechargeables qui supposent une autre manière de les concevoir et la mise en place de nouveaux rites d’achats. Voici maintenant le retour de la consigne, disparue depuis les années 50. Pas de doute, un rayon durable n’a rien à voir avec un rayon du monde d’avant.
Récemment, on apprenait que Danone renonçait aux bouteilles vertes et rouges de sa Badoit. Vertes pour ses fines bulles, rouges pour ses grosses bulles. La taille des bulles au service de celle des parts de marché. Un nouveau chapitre de l’histoire du design responsable s’ouvre ainsi. Après l’enjeu des matières, de leur fabrication et de leur recyclabilité, voici celui de leur couleur. Ni rouges, ni vertes, les bouteilles de Badoit seront désormais transparentes pour pouvoir être plus facilement recyclées pour un usage alimentaire et permettre à Danone de faire un pas de plus vers son objectif de proposer 100% de ses emballages recyclables, réutilisables ou compostables pour le marché français. Voilà qui devrait aussi réduire l’usage de plastique vierge et nourrir la filière du PET recyclé. Qui s’en plaindrait ?
La couleur d’un pack est autant un point de repère sur les linéaires qu’une promesse pour le consommateur. Rouge, c’est forcément plus intense que vert. Rouge, la passion ; vert, la quiétude. Une fois les couleurs disparues, qui va faire le boulot ? L’étiquette ? A condition qu’elle soit en papier recyclé… Et qui sait si, un jour, elle ne sera pas remplacée par un QR code…
