Produire durable ressemble parfois à un tour de magie. Abracadabra et hop, ce qui était connu sous une forme réapparait sous une autre, inattendue de préférence pour que le tour soit vraiment surprenant. Et voilà comment des volants de badminton deviennent des matériaux destinés à la fabrication de mobilier et de panneaux acoustiques. Des volants de badminton ? Et, pourquoi pas, aussi, des jokaris et des jeux de croquet pour rester dans l’esprit rétro-balnéaire ? Rien ne se perd, tout se recycle.
C’est parce qu’il pratique le badminton depuis sa plus tendre enfance que Benjamin Moreau, l’âge et les études d’ingénieur venant, s’est un jour demandé où pouvaient bien finir tous ces volants, et plus particulièrement les plus fragiles d’entre eux. Ceux en plumes, utilisés par les compétiteurs de haut niveau de ce jeu tout en grâce et en légèreté. Selon ses estimations, plus de 20 millions de tonnes de volants échapperaient au recyclage… Selon d’autres sources, il s’agirait plutôt de 40 millions de tonnes dont une dizaine serait même incinérée. Il était vraiment temps d’agir…
Et voilà comment Benjamin devint entrepreneur et un peu magicien vert. Sa société, créée en 2019, s’appelle Compo’plume, histoire de rester dans la légèreté. Les volants y sont broyés pour créer une poudre qui, une fois mélangée à de la colle, donne un nouveau matériau composite permettant de créer des panneaux acoustiques ou du petit mobilier distribués via des partenaires comme Furniture For Good ou Dizy Design. Et puisque Benjamin connait bien le petit monde des raquettes et des volants, il n’hésita pas à solliciter la Fédération française de badminton afin qu’elle demande à ses adhérents de lui envoyer leurs volants déclassés. De la matière première pour Benjamin et de la bonne conscience pour les clubs participants : quand les volants volent au secours de la planète, c’est forcément win-win.
Que retenir de cette belle histoire ? Que l’économie durable n’a pas d’autres limites que celles de l’imagination car tous les matériaux peuvent prétendre contribuer à la préservation de la planète. Et que, plus ceux-ci seront à la fois inattendus et familiers, plus ils marqueront les esprits et donneront envie d’en trouver d’autres.