Un vendredi noir

Dévendeur

Au vu de la polémique déclenchée par les derniers spots de l’Ademe, il n’est plus besoin de présenter la figure du dévendeur. Alors que le mot vendeur commençait à s’effacer du paysage commercial (trop vite caricaturé) au profit de celui de conseiller ou, mieux encore, d’expert, signe indiscutable de compétence, voici donc le vendeur qui revient par la fenêtre, rhabillé par la responsabilité et la citoyenneté. Il aurait pu s’appeler « vendeur responsable » car le vrai rôle d’un vendeur est de « mieux vendre » mais les publicitaires, qui ne résistent jamais à la tentation d’un concept, lui ont préféré celui de dévendeur : celui qui incite à renoncer à son achat. Renoncer à son désir. Les ennuis n’allaient pas tarder à apparaître. 

Tout avait pourtant bien commencé. Trois spots avaient été imaginés, supposés illustrer trois facettes de la consommation responsable. Mais si le premier incitait à faire réparer et le second, à se tourner vers la location, le troisième apparaissait plus problématique puisqu’il suggérait de renoncer à l’achat d’un vêtement. Renoncer à l’achat d’un polo affiché à -70% au profit d’un polo à -100% : celui que l’on possède déjà. 

Avec ces spots, l’objectif de l’Ademe est de nous inciter à « nous poser les bonnes questions avant d’acheter ». Certes. Mais alors que le client d’une ponceuse ou d’une machine à laver se voit offrir une solution alternative, celui d’un polo (supposé moins essentiel) est purement et simplement découragé. Comme si l’envie valait moins que le besoin. Comme si les enseignes du secteur textile n’avaient pas pensé elles aussi à des solutions plus responsables, comme la seconde main ou la réparation dont nous nous faisions ici l’écho il y a deux semaines.

On peut sans doute reprocher beaucoup de choses au secteur textile, mais on peut s’étonner aussi de le voir pointé du doigt, alors même que toutes les enseignes ne cessent d’activer nos envies à coups de promotions exceptionnelles, d’offres limitées et de prix plus bas qu’imaginable pour cause de Black Friday. Rendre la consommation plus responsable, ce n’est pas la décourager, mais encourager (surtout lorsqu’elles existent) les solutions alternatives. 

Sans traces

Des déchets en or

Cinquante-cinquante

Les bonnes pratiques

Les projets éco-responsables de l’agence d’Artagnan.

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