Quand on parle Design Durable, la question des baskets, désormais renommées sneakers, ne met jamais très longtemps à émerger. De signes de reconnaissance générationnels, les voilà désormais devenus signes extérieurs de bonne conscience consommatoire dès lors que leur fabrication vire au vert. Bouteilles en PET, filets de pêche, feuilles de bananier… chaque petite marque désireuse de prendre place sur le marché y va de son ingrédient « écolo-waouh » avec la ferme intention d’apparaître comme une alternative au cuir animal. Mais pourquoi ce ne sont pas les Adidas, Nike et autres marques mondialisées qui figurent en tête dans cette course à l’innovation verte ?
Le cuir végétal ne sonne donc plus comme un oxymore et son usage se répand dans toutes les industries liées à la maroquinerie qui le voient comme le nouvel allié de leur croissance. Rien d’étonnant, donc, à ce que les constructeurs automobiles s’y intéressent, tant « l’intérieur cuir » a toujours été un signe de distinction prisé. Oui, mais s’agit-il toujours de cuir ? Seuls les modèles très haut de gamme, pour qui le prix n’est qu’une variable d’ajustement, peuvent l’affirmer. Pour les autres, ce qui est regardé comme du cuir n’est bien souvent qu’une imitation synthétique à empreinte écologique marquée pas toujours annoncée.
Si aucune marque automobile n’a jamais encore présenté de modèles « intérieur bio » (mais pourquoi donc ?), certaines se montrent aujourd’hui tentées par l’idée de proposer à leurs acheteurs de prendre le volant assis sur des fauteuils en chanvre, aussi appelé cannabis sativa, la plante dont est extrait la marijuana et le haschisch. Une plante très vertueuse… si l’on considère son faible besoin de surface et d’eau. De quoi permettre aux conducteurs de voitures d’apparaître comme responsables sans les priver de leurs signes extérieurs de contentement.
C’est ce que propose une entreprise allemande (natürlich) nommée Revoltech, prête à produire à grande échelle, d’ici 2028, un matériau entièrement recyclable, et même compostable, réalisé à partir de fibres de chanvre associées à une colle organique, capable de se substituer au cuir dans la fabrication de sièges automobiles. Du chanvre avec vue sur le futur. Un vrai fantasme pour tous les soixante-huitards qui, ayant viré bourgeois, sont toujours tentés d’afficher une forme de jeunesse éternelle. Les conducteurs de voitures ne sont pas toujours des pollueurs. Ils sont aussi des jouisseurs.
