Adieu Tir-Croq

D'intérêt général

En 1987, Amora inventait le Tire-Croq. Une fierté d’entreprise qui n’allait pas tarder à devenir une fierté nationale. Quel pays peut s’enorgueillir d’une invention aussi maline ? La parfaite incarnation de l’esprit français animé par le désir de concilier confort et performance. Certes, il existait bien des pinces à cornichons en bois mais elles ne sont jamais là au moment où l’on a besoin d’elles. Et essayez donc d’extraire un cornichon de son bocal à l’aide d’une pince en bois ou, pire encore, d’une fourchette…

Trente-six ans plus tard, aujourd’hui donc, Amora annonce que son Tir-Croq tire sa révérence afin de réduire la quantité de plastique utilisée pour un usage unique. En retirant ce petit panier, l’entreprise supprime 30 millions de pièces et 220 tonnes de plastique par an. Fin de l’histoire. Tant pis pour l’expérience client. En 2050, il figurera peut-être dans la vitrine d’une exposition consacrée à « L’art de vivre en France au XXième siècle ». Qui sait ? Car le Tir-Croq incarnait aussi parfaitement une forme d’innovation très pratiquée dans le monde d’avant consistant, pour une marque, à se demander comment elle pourrait simplement améliorer la vie quotidienne de ses consommateurs. Sans autre ambition, ici, que de leur éviter d’avoir à plonger leurs doigts dans un bocal de cornichons pour attraper ceux qui ont la tête sous le vinaigre. Bien loin de l’idée de sauver la planète et, encore plus, d’imaginer qu’un bocal de cornichons puisse y contribuer. Affaire d’imaginaire davantage que d’imagination. Amora réitérera son coup de génie quelques années plus tard avec le premier ketchupier souple, tout en plastique lui aussi, qui n’allait pas tarder à démoder l’iconique bouteille en verre de son pourtant indétrônable cousin américain, preuve que l’innovation peut transcender la légitimité d’une marque sur son marché.

Aujourd’hui, innover, c’est, pour une marque, repenser son mode de fabrication en y traquant tout ce qui pourrait nuire à la planète. L’intérêt du Nous prime désormais sur le confort du Je. L’innovation a changé de camp. Toutes les marques de cornichons qui proposent des Tir-Croq inspirés de l’original prendront-elles la même décision qu’Amora ? Les consommateurs salueront-ils cette décision en continuant d’acheter les cornichons dijonnais ? La décision d’Amora est courageuse et non dénuée de risque car elle peut profiter à ses concurrents, mais elle est toute à son honneur car elle vient ainsi rappeler qu’une marque est autant au service de son marché que de l’intérêt général. Autant de manières d’affirmer son leadership.

Sans traces

Des déchets en or

Cinquante-cinquante

Les bonnes pratiques

Les projets éco-responsables de l’agence d’Artagnan.

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