Penser Design Durable, ce n’est pas seulement penser les matériaux utilisés pour les rendre respectueux de l’environnement, c’est aussi se demander comment prolonger la vie de tout ce qui a déjà été produit et se trouve autour de nous. Comment redonner vie à quelque chose qui a été là mais qui a disparu, soit parce qu’il n’est plus « à la mode », soit parce qu’il n’a pas rencontré le succès attendu ? Penser Design Durable, c’est tout simplement se demander comme « faire du neuf avec du vieux », une bonne vieille méthode redevenue vertueuse à l’aune des préoccupations environnementales du moment. Rien ne se perd, tout se transforme.
La Redoute, refusant désormais d’être cataloguée comme un simple acteur du e-commerce, a ainsi sollicité huit créateurs (plasticien, céramiste, architecte, couturier…) pour réaliser chacun une pièce unique à partir d’un meuble ou d’un accessoire issu de ses stocks d’invendus. Chacun a eu carte blanche pour les détourner, les transformer ou les réinterpréter avec son propre langage. Paré de perles, un lampadaire devient couture après intervention du créateur de mode Kevin Germanier, une méridienne s’habille d’un jacquard haute couture signé Charles de Vilmorin pendant qu’une table se retrouve customisée de motifs peints par Alexandre Blanc et une desserte, hybridée de céramiques par Elisa Uberti.
Pour autant, les objets ainsi créés, sont restés fonctionnels, preuve qu’une démarche artistique n’est pas forcément synonyme d’éloignement de la « vraie vie ». Les lampes s’allument toujours, les canapés demeurent confortables et les bureaux n’ont pas perdu leur vocation. Les disciplines ont dialogué, mode et design se sont croisés et ont, à leur manière, célébré le passage du temps.
L’originalité de la démarche tient aussi à ce que les objets ainsi produits, tous uniques (la collection est baptisée Les Uniques), ont été ensuite proposés aux enchères à Drouot et les bénéfices générés reversés à une association qui soutient les femmes victimes de violences conjugales. L’important pour une enseigne n’est plus (seulement) d’assurer sa profitabilité mais aussi, désormais, d’affirmer son engagement en faveur d’une cause. Ici, elle est double, à la fois environnementale et sociétale.